mardi 30 juin 2009

L’image compte

Chaque pays est responsable de son image en extérieur. La politique étrangère doit comprendre de manière obligatoire des stratégies de création et de promotion de l’image hors des frontières nationales. Dans le cas de la Moldavie, la préoccupation pour la thématique de l’image du pays est relativement récente, même si l’Etat indépendant République de Moldavie date de l’année 1991. Les autorités et la société civile se sont rendues compte du fait que l’image est très importante pour un pays jeune, au moment ou plusieurs citoyens et officiels se sont heurtés contre des préjugés et des stéréotypes vis-à-vis de leurs pays.

L’actualité de ce sujet et le manque symptomatique d’un intérêt clair et visible pour l’approfondissement des renseignements sur la thématique, m’ont déterminée à effectuer une ample investigation. La recherche porte notamment sur le rôle du facteur médiatique dans le processus de la création et la promotion de l’image de la Moldavie dans l’espace européen. Etant donné que les médias représentent le «quatrième pouvoir» dans un Etat, son influence ne peut pas être négligé. La période de recherche couvre les années 2005-2008, ce qui correspond à la durée de l’application du Plan d’Actions République de Moldavie – Union européenne. Les conclusions de la recherche sont plutôt défavorables à notre pays, ce qui doit compter pour les autorités et les facteurs de décision autochtones. L’étude conclut que les thématiques principales traitées par la presse européenne en ce qui nous concerne, sont les suivantes: le conflit transnistrien, les relations entre la Moldavie, l’Union européenne, la Roumanie et la Russie, les crises de gaz et de vin et d’autres. La majorité des matériaux publiés dans des journaux comme Le Monde, Libération, El Pais, El Mundo etc, utilisent des expressions qui aident à la création d’une image plutôt négative du pays. Ces expressions sont, par exemple: «république ex-soviétique», «immigration illégale», «périphérie de l’Europe», ou «le pays le plus pauvre de l’Europe».

Les titres attirent aussi par des expressions qui ne nous rendent pas fiers (par exemple: «La Moldavie: entre corruption et intégration européenne», «La frontière la plus dangereuse», «L’économie moldave a perdu une génération» ou «La Moldavie: l’homologue européen de Cube»), même si ceux-ci ne sont pas très nombreux dans la presse européenne.

Il ne faut pas oublier ou nier quelques articles, auteurs et pays qui se prononcent d’une manière différente en parlant de la Moldavie. La recherche prouve que la France, la Suisse et les pays du monde francophone, en général, sont plus favorables en traitant les réalités autochtones. Les journalistes francophones préfèrent, dans la majorité des cas, de venir en Moldavie et se renseigner sur le terrain. 90% des reportages de l’étude ont été effectués par des journalistes français. Dans ces conditions, une vision plus complexe est présentée au public européen, en élucidant tant les aspects positifs que négatifs. Les consommateurs d’information ont ainsi la possibilité de se créer une image complète des spécificités autochtones et, implicite, du pays dans son ensemble.

Les personnalités de l’Etat citées dans les matériaux de la presse européenne, contribuent, elles aussi, à la création d’une certaine image du pays. Dans le cas de la Moldavie, entre 2005 et 2008, le nom du président Vladimir Voronine, mentionné dans les articles des médias européens, a surclassé sans droit d’appel d’autres personnages comme Vasile Tarlev, Marian Lupu ou Serafim Urechean. Malheureusement, le nom du Voronine a été utilisé, dans la majorité des cas, dans un contexte négatif, ce qui a conduit à la création d’une image défavorable pour le pays. Ce qui est le plus grave, de notre point de vue, dans cet ordre d’idées, c’est que Igor Smirnov, le leader de la région autoproclamée à la gauche de la rivière Nistru, est aussi présent dans des matériaux journalistiques. Ce personnage apparaît dans un nombre impressionnant d’articles, étant placé, dans touts les cas, dans des contextes négatifs.

Ainsi, faut-il conclure que les médias européens constituent un instrument très fort et influent de création et promotion de l’image d’un pays. La Moldavie doit apprendre à utiliser cet outil en sa faveur. Pour cela, le pays a besoin d’une stratégie complexe et très concrète visant les pas et les actions à entreprendre pour susciter l’intérêt de la presse européenne. Le processus de l’intégration européenne, pleinement déclaré par les autorités moldaves, peut en servir un parapente. L’Europe n’est pas indifférente envers les éventuels membres de la communauté. Un pays qui se respecte doit respecter l’Europe et les médias européens. Car ils sont parfois incapables de montrer de pitié. L’image compte, et nous insistons sur la nécessité de regarder cet aspect de la politique étrangère d’une manière plus sérieuse et responsable.

Anetta Gonţa

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