Section moldave de l’UPF

lundi 19 juillet 2010

Les Assises de Rabat s’interrogent sur la responsabilité politique et sociétale des médias

 Les 42e Assises de l’Union internationale de la presse francophone, réunies à Rabat du 1e au 4 juin 2010, avaient pour thème «La responsabilité politique et sociétale des médias». Vaste programme, aurait pu dire le Général de Gaulle, d’autant que d’emblée certains orateurs ont abandonné le néologisme «sociétale» pour parler de responsabilité «sociale», ce qui allait sans doute au-delà des ambitions des organisateurs eux-mêmes. Lors de la première séance destinée à introduire le thème, le modérateur Jean Kouchner a souligné que la principale responsabilité des journalistes est la transmission de l’information et que les médias ne sont pas une marchandise comme les autres, ce qui paraît aller de soi, mais qui gagne à être répété dans un contexte de marchandisation croissante de la presse. Le président de la section française de l’UPF, Jean Miot, ancien patron du Figaro et de l’AFP, avait auparavant dénoncé les atteintes des dictatures de tous bords à la liberté de la presse. D’aucuns dans le public se sont demandé s’il faisait également allusion à la dictature de l’argent, à l’heure où les «marchés» terrorisent des pays entiers tels que la Grèce et l’Espagne…


Qu’est-ce que la liberté de la presse ?

Lors de la séance suivante, consacrée à l’exemple du Maroc, pays hôte des Assises, les exposés et les débats ont porté sur les notions de liberté de la presse (s’agit-il de la liberté des journalistes d’écrire ce qu’ils veulent, ou plutôt de celle des dirigeants d’entreprises de communication de véhiculer les idées qui leurs conviennent ?) et d’indépendance des médias. L’impression d’ensemble donnée par les divers exposés est que le qualificatif «indépendant» serait synonyme de «privé» et qu’une radio ne saurait être qualifiée de «libre»  que si elle ne relève pas du service public. L’un des orateurs, représentant les éditeurs, a ainsi affirmé que des «entreprises de presse suffisamment capitalisées et socialement responsables constituent une garantie d’indépendance», ajoutant que les médias sont «l’affaire des professionnels et pas des pouvoirs publics ou de l’Etat». Peu importe donc que les Etats puissent être démocratiques et représentatifs, ce qui leur confère une légitimité dont sont dépourvues les entreprises privées, non démocratiques par essence puisque leurs dirigeants ne sont pas élus.

Haro sur l’Etat

Cette orientation générale «anti-étatique» est apparue comme une constante de la quasi-totalité des exposés soumis à la réflexion des participants à ces 42e Assises. C’est ainsi que Loic Hervouet, intervenant parisien récurrent des ces rencontres annuelles, a qualifié de «dangereux» le contrôle étatique, au prétexte que l’Etat ne serait pas impartial, concédant toutefois que «les actionnaires et propriétaires peuvent ne rechercher que la rentabilité» et que «leur intérêt n’est pas toujours convergent avec celui du public». Pour sa part, Jean-Marie Colombani, ancien directeur du journal Le Monde et donc responsable avec Alain Minc et Edwy Plenel de l’état actuel de ce « grand journal du soir», a affirmé, en référence à la chute du mur de Berlin, que «les médias jouaient un rôle émancipateur». Un contradicteur lui a demandé alors si ce rôle s’arrêtait aux portes de l’Amérique latine, dont les dirigeants démocratiquement élus qui s’efforcent d’émanciper leurs peuples, en particulier les populations indigènes, ne suscitent guère l’enthousiasme des grands médias occidentaux, qui ont plutôt tendance à les dénigrer systématiquement. Citant les chaînes de télévision internationales créées récemment pour faire pièce à CNN, Colombani avait d’ailleurs mentionné Al Jazira, France 24 et la BBC, sans citer Telesur, chaîne lancée par une dizaine de pays latino-américains et dont l’audience est croissante dans toute la région. Volontaire ou non, l’omission semblait pour le coup assez significative… Sensé lui donner la réplique, Jacques Pilet, journaliste à l’Hebdo et membre de la direction du groupe Ringier, seul Suisse invité en tant qu’orateur à ces Assises, s’était malheureusement fait excuser pour raisons de santé, ce qu’ont déploré tous ceux qui auraient souhaité sortir un peu du débat franco-français ou franco-africain.

Figaro-ci, Figaro-là

Ce n’est certes pas le directeur général du Figaro, Francis Morel, qui allait rétablir l’équilibre. Au lieu de traiter de la responsabilité politique et sociétale des médias, le patron du Figaro s’est attaché à faire la promotion de son journal, paré de toutes les qualités, en se livrant au passage à une attaque en règle et appuyée contre le «journalisme citoyen», accusé de marcher sur les plates-bandes des médias établis. S’il est compréhensible que cette concurrence l’agace sur le plan commercial, plus étonnant était l’argument avancé, à savoir que ce journalisme citoyen donne de l’information brute, donc «sans valeur» car non mise en perspective ni formatée. Certains professeurs en journalisme du passé, qui insistaient sur la différence nécessaire entre les faits bruts et le commentaire, ont du se retourner dans leur tombe… Le président de la cour constitutionnelle du Bénin ayant fait le point sur les questions d’éthique et de déontologie en Afrique, la parole a été donnée au seul orateur à se placer en porte à faux par rapport à la tendance générale des débats. 

A contre-courant

Aymeric Chauprade, rédacteur en chef de la Revue française de Géopolitique, s’est en pris vivement, en effet, à l’attitude des grands médias occidentaux, surtout français, en matière de politique internationale. Il a dénoncé un parti pris systématique en faveur des amis des Etats-Unis d’Amérique et donc une hostilité symétrique à l’égard de leurs adversaires ou de tous ceux qui leur résistent. Donnant comme exemple l’attitude permanente de dénigrement de la Russie et de la Chine, il s’est étonné au passage de l’affection que portent les médias occidentaux au Dalai-Lama, représentant du régime théocratique obscurantiste et féodal qui a sévi au Tibet avant la révolution chinoise. Il a fustigé également l’attitude de ces mêmes médias, pour qui certains sujets sont tabous, comme la version officielle des attentats du 11 septembre ou le comportement d’Israël, tandis qu’ils n’hésitent pas à heurter des cultures différentes en insultant le prophète Mahomet ou d’autres figures religieuses pour prouver à bon compte leur indépendance.

Aymeric Chauprade a récemment été mis à la porte du Collège interarmées de défense de Paris, où il enseignait depuis des années, pour avoir seulement osé évoquer d’autres hypothèses d’explication des événements du 11 septembre : Il a certes gagné ensuite un procès contre le ministre français de la défense, mais dans l’indifférence générale de la quasi-totalité des grands médias. Il a donc eu beau jeu de dénoncer l’hypocrisie et l’arrogance de ces mêmes médias, par ailleurs si prompts à donner des leçons de démocratie et de liberté de la presse au reste du monde. Les applaudissements nourris et prolongés qui ont ponctué son exposé ont montré qu’il avait touché un point sensible pour une grande partie de l’auditoire. Ce qui n’a pas empêché certains participants français d’attaquer violemment ce conférencier en aparté, le traitant de fasciste, de révisionniste ou de pire encore, démontrant ainsi les limites de la liberté d’expression dans l’esprit même de ceux qui en parlent le plus.

En conclusion, même s’ils n’ont pas permis de résoudre aussi peu que ce soit les problèmes que connaissent actuellement les médias, les exposés et les échanges qui se sont déroulés dans le cadre de ces 42e Assises de la presse francophone ont certainement permis aux intervenants et aux participants de réfléchir à des questions importantes et d’en débattre librement.  Si la responsabilité politique et sociétale (et sociale !) des médias est incontestable, nul ne détient de recette miracle quant à ce qu’elle doit être et comment elle doit s’exercer. La question restera posée longtemps encore.     

Philippe Stroot







dimanche 7 février 2010

Le français, première langue étrangère enseignée en Moldavie

Le français demeure, à la rentrée 2009/2010, la première langue étrangère enseignée dans les écoles, collèges et lycées de Moldavie. Ce résultat vient d’être confirmé par le Bureau national de la Statistique de Moldavie.

Le total des apprenants de français s’établit à 376.027 élèves en Langue Vivante 1 (52,07 % des effectifs) et à 26.190 en Langue Vivante 2 (6,96 %).

L’anglais n’arrive qu’en seconde position avec un taux d’apprentissage de 47,72 % en LV1 et 6,45% en LV2. L’allemand n’est, quant à lui, appris que par un peu plus de 3% des jeunes Moldaves.

Le résultat encourageant de cette rentrée 2009/2010 provient des villes où le français progresse : + 24 % d’apprenants à Chisinau, la capitale et + 8 % à Balti.

L’enseignement du français conserve enfin une très large avance dans les campagnes et les petites villes de Moldavie : + de 63% des jeunes y apprennent encore le français.

La Moldavie conforte ainsi sa tradition francophone et francophile. Le pays reste le plus francophone d’Europe centrale et orientale. Ce résultat significatif est le fruit du travail mené par les autorités locales de l’enseignement et les professeurs de français, avec le soutien de l’Alliance française de Moldavie et du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Moldavie, mais aussi de l’OIF et de l’AUF, institutions largement soutenues par la France. L’Ambassade de France et l’Alliance française de Moldavie mènent une politique active en termes de formation et de dotation en matériels pédagogiques et didactiques des professeurs de français du pays. Des campagnes de promotion du français sont conduites pour rappeler que cette langue est celle du rapprochement du pays à l’Union européenne.

Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg, les trois capitales européennes sont francophones. La France est un des piliers de la construction européenne et l’un des principaux contributeurs financiers de l’Union européenne dont les efforts bénéficient largement à la Moldavie. L’apprentissage et la pratique du français sont aussi des atouts en matière d’ emploi et d’accompagnement du développement économique moldave.

De nombreux investisseurs français sont présents en Moldavie. La francophonie est une des motivations citées par les entreprises françaises présentes pour expliquer leur choix d’implantation dans le pays.

Enfin, la France demeure enfin le 4ème pays d’accueil des jeunes moldaves effectuant des études supérieures à l’ étranger, derrière la Roumanie, la Russie et l’Ukraine, mais devant l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou la Bulgarie.

Inauguration de la deuxième Maison des savoirs de la Francophonie à Chisinau en Moldavie

La Maison des savoirs de la Francophonie, la deuxième du genre dans l’espace francophone et la première en Europe centrale et orientale, située au cœur de la ville de Chisinau en Moldavie, a été inaugurée le 29 janvier 2010 par Clément Duhaime, Administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie et Dorin Chirtoaca, Maire général de Chisinau.

Après Hué au Vietnam, et Chisinau en Moldavie, la 3e Maison des savoirs ouvrira prochainement ses portes à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. La 4e sera établie à Kinshasa (République démocratique du Congo).

Le Réseau des Maisons des savoirs est un projet pilote mis en place conjointement par l’Organisation internationale de
la Francophonie (OIF) et l’Association internationale des maires francophones (AIMF), auxquelles s’associent TV5MONDE et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

mardi 25 août 2009

Réunion de travail avec l’Alliance française en Moldavie et l’Organisation Internationale pour la Migration

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Au mois d’août le comité de notre section a tenu une réunion de travail avec Mme Louise Barseghian, représentante de l’Alliance française en Moldavie, et Mme Camille Chatelain, du bureau de l’Organisation Internationale pour la Migration. La réunion a eu lieu à la demande de Margareta Stroot, vice présidente de notre section, pour discuter des résultats du concours «Le Coing d’or» qui s’est déroulé aux mois de mars-juin avec comme thème La migration – opportunite ou menace

Les participants ont analysé l’organisation du concours, mais surtout ils se sont exprimés sur le contenu assez faible des essais présentés au concours. Tout le monde a convenu de la nécessité d’améliorer la distribution de l’information aux élèves et étudiants susceptibles de participer à ce concours l’année prochaine. Les moyens existants seront complétés par des affiches distribuées dans les écoles et lycées moldaves.

Par ailleurs le comité a commencé à réfléchir au thème du concours de l’année prochaine. Après le thème de la migration, nous considérons qu’un thème concernant la situation des enfants moldaves devrait être retenu. Ce choix permettrait de continuer à sensibiliser l’opinion publique aux problèmes posés par la migration de la force de travail, ainsi qu’aux difficultés des enfants restés dans le pays. Ce thème est d’autant plus actuel que la Convention des droits des enfants a été adoptée en novembre 1989. Cette année toute la communauté internationale célèbre cet événement important pour la protection des droits des enfants. En Moldavie ces droits ne sont pas toujours respectés.


samedi 1 août 2009

La IV-ème édition du concours “Le Coing d’or”

«La migration-opportunité ou menace ?» C’est le thème qui a été présenté, discuté et débatu le 11 juillet 2009 dans la salle «Dumitru Coval» de l’Université d’Etat de Moldavie. Les 11 candidats qui ont été choisis par un jury composé par des professeurs et des journalistes professionnels, parmi lesquels: M. Mihai Guzun, M. Vlad Pohilă, Mme Cezaria Vasilache, Mlle Aneta Gonta, Mme Dorina Andreev-Jitaru, Mlle Constanta Popa.

L’Alliance Française de Moldavie reste toujours présente dans l’organisation du concours étant représentée cette année par Mlle Louise Barséghian. L’Organisation Internationale pour la Migration a été représentée par: Silas Rapold et Camille Chatelain, qui ont fait parti du jury eux aussi. Comme ça la Suisse a été présente pour la deuxième fois dans l’organisation du concours.

Les sujets présentés par les 11 jeunes filles (c’était surtout les filles qui ont été présentes pour cette IV-ème édition du concours) ont frappé les membres du jury par la complexité avec laquelle ceux-ci ont été traités. Les participantes ont étudié les causes de l’apparition de la migration dès l’antiquité. Les lycéennes et les étudiantes se sont documentées dans les dossiers de la médiathèque de l’Alliance Française, sur internet ainsi que dans la presse locale pour mieux s’informer et pour apporter des preuves qui seront à la mesure de convaincre le public (jury, parents, invités d’honneur, autres participants au concours) que c’était leur idée concernant la migration qui était juste. Par exemple, Irina Paladi, étudiante à l ‘Académie des Etudes Economiques a effectué un sondaje auprès de 200 jeunes pour mieux illustrer ses thèses.

Des données précises concernant le nombre d’immigrés, les pays de destination, les causes et les attentes de l’immigration ont été exposées devant le jury avec beaucoup de persua et surtout avec des émotions. Parmi les titres donnés on pourrait citert «Le siècle des immigrés», «Emigrer pour survivre», «La migration: aspects contradictoires».

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Après la déliberation du jury, le premier prix, un appareil photo, accordé par l’Organisation international e de la Migration a été accordé Mlle Soboleva Tatiana, élève en XI-ième classe au lycée « Gh. Asachi » de Chisinau.


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Tatiana Soboleva, élève en XI-ième classe au lycée «Gh. Asachi» de Chisinau - I Prix.

Après la déliberation du jury, le premier prix, un appareil photo, accordé par l’Organisation Internationale de la Migration a été accordé Mlle Tatiana Soboleva, élève en XI-ième classe au lycée «Gh. Asachi» de Chisinau. Le deuxième prix a été accordé à Cristina Grati et Eugenia Iurco. Trois autres participantes ont partagé le III prix : Marcela Cucerean (Anenii-Noi, Irina Paladi (Chişinău) et Victoria Purici-Şuşu (Soroca). Deux prix spéciaux ont été gagnés par Olga Cebotarean (Soroca) et Speranta State (Chişinău). Un prix d’encouragement a reçu Daniela Dermengi. Des mentions ont été accordées à Tatiana Ilescu et Tina Parferi.



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Speranţa State (étudiante en II-ème année à la Faculté du Journalisme de l’UEM) a touché le public par son étude de cas.

Le thème débattu cette année a fait preuve d’une conscience civique élevée chez la jeune génération des Moldaves, fait qui nous a beaucoup impressionnés. On voudrait bien penser que la participation à ce concours aidera tous les participants à se faire des conclusions sérieuses concernant l’état des choses dans notre pays, ainsi que dans le monde entier concernant le phénomène de migration.

Des reflexions profondes, des idées précises sur le sujet, une ambiance sérieuse, mais très amicale, voilà l’état d’âme qui dominait dans la salle «D. Coval» de l’UEM en présence des gagnats des éditions antérieures du concours et des membres de la Section moldave de l UPF – organisateurs du concours «Le Coing d Or» la traductrice de l’hymme du concours «Le coing d’or».

TATIANA PETCU, PRESIDENTE DU JURY

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© photos Ion Grosu

jeudi 16 juillet 2009

Quand la presse suisse s'intéresse à la Moldavie... Entretien publié par le journal GaucheHebdo de Genève

L’opinion publique occidentale se berce-t-elle d’illusions vis-à-vis du parti au pouvoir en Moldavie? C’est ce que suggère Margareta Donos. «Le Parti des communistes n’a de communiste que le nom, il n’a jamais vraiment mené de politique socialiste ni même sociale, il serait plus approprié de l’appeler libéral!» Un avis tranché, mais autorisé. La jeune femme est en effet correspondante de la radio publique moldave à l’ONU. «Le fossé entre les riches et les pauvres n’a fait que se creuser depuis huit ans que le Parti des communistes est au pouvoir. Les privatisations se sont poursuivies, ainsi que le pillage des richesses. Aujourd’hui, dans la capitale, on croise des voitures de luxe comme on n’en voit même pas à Genève!»

Pour la journaliste installée dans la cité lémanique, la victoire électorale des communistes tient à plusieurs facteurs. Pour bien comprendre, il faut remonter à l’époque où la Moldavie était une république de l’URSS. «C’était un petit paradis dans lequel tout Soviétique voulait vivre. L’éducation était gratuite. Je viens d’une famille de paysans dont les cinq enfants ont étudié à l’université. Les soins médicaux aussi étaient offerts à tout le monde, aujourd’hui il faut payer pour être soigné».

En 1991, la Moldavie devient indépendante. «J’étais au milieu des 100'000 manifestants pour exiger des changements. Les gens savaient que des années difficiles étaient devant nous, mais ils espéraient améliorer leur niveau de vie». C’est le contraire qui s’est produit, la Moldavie dépendant de l’espace économique de l’URSS et des pays de l’Est. «Nous nous sommes retrouvés avec notre seule agriculture. Les terres ont été distribuées aux paysans, mais sans qu’ils puissent véritablement les travailler, les structures agricoles ayant été dissoutes. On a jeté le bébé avec l’eau du bain. Les gens ont été extrêmement déçus».

En 2001, des héritiers de l’ancien parti unique reviennent au pouvoir, sans avoir changé de nom mais avec une toute autre politique. Recevant en 2006 une délégation de journalistes suisses, le président du Parlement avait expliqué que «dans ce pays, si vous créez un parti intitulé communiste, avant même de faire campagne vous aurez au moins 15% des voix». Pour Margareta Donos, «les personnes qui ont vécu la période socialiste peuvent comparer». Surtout les retraités pour lesquels «les vingt dernières années ont été un cauchemar. Ils ont travaillé toute leur vie pour une retraite qui ne leur permet même pas de vivre». Ce n’est sans doute pas un hasard si, «juste avant les élections, le gouvernement a augmenté les pensions de quelques dizaines de lei». Nostalgiques, les personnes d’un certain âge auraient donc voté en masse pour les communistes.

Autre raison du succès du PC, le manque de crédit, d’organisation et de visibilité de l’opposition. Les partis contestant le leadership des communistes ont été, durant la campagne électorale, moins visibles et moins présents dans les médias que le PC. «Ces partis manquent d’expérience. Ils ont beaucoup critiqué les communistes au lieu de mener campagne pour eux-mêmes. Ils n’ont pas été capables d’élaborer un programme crédible. Je ne pense pas qu’ils puissent gouverner la Moldavie face à la situation difficile dans laquelle se trouve le pays. Le PC est encore le mieux placé». Le vote pour les communistes est donc apparu aux yeux de beaucoup comme un gage de stabilité.

Quant aux manifestations qui ont suivi la proclamation des résultats électoraux, Margareta Donos explique que «les jeunes n’ont pas protesté contre le communisme, qui n’existe pas, mais contre ce gouvernement qui n’a rien fait pour eux». «Il y a souvent eu des manifestations à Chisinau, mais elles n’ont jamais pu approcher du Parlement. Cette fois, les manifestants ont pu entrer dans le bâtiment et hisser sur le toit des drapeaux européens et roumains. Peut-être qu’on les a un peu aidés dans le but de discréditer le mouvement. Je ne crois pas que la Roumanie soit derrière ces manifestations. Le président Voronine, il est incapable de comprendre la révolte des jeunes. En prenant pour cible les Roumains, il a choisi la solution de facilité, celle d’agiter les craintes des minorités face au 64% de roumanophones que dénombre le pays».

En visite à Pâques à Chisinau, Margareta Donos a trouvé l’atmosphère tendue. «Beaucoup de gens étaient déçus du résultat des élections et de la réaction du gouvernement qu’ils jugent disproportionnée. Quelque 300 jeunes ont été arrêtés et certains violentés par la police».

Dans les mois qui viennent, le gouvernement devra faire face à de sérieuses difficultés économiques. Sur une population totale de 4,5 millions de personnes, on recense officiellement 500'000 travailleurs émigrés. Le double, selon Margareta Donos. «Avec la crise, beaucoup de travailleurs sont de retour. Des tensions sont à craindre».

A cheval entre les cultures slaves et latines, avec une population instruite et un grand potentiel agricole, le pays ne manque cependant pas d’atouts. Mais les nécessaires investissements pour moderniser l’agriculture et construire des infrastructures font défaut. «La Moldavie attend depuis longtemps un geste de l’Union européenne», regrette Margareta Donos.

Et la journaliste de conclure que «la Moldavie est un très beau pays, au climat agréable, dans lequel on mange bien et où les gens sont hospitaliers». Avis aux voyageurs!

mardi 30 juin 2009

L’image compte

Chaque pays est responsable de son image en extérieur. La politique étrangère doit comprendre de manière obligatoire des stratégies de création et de promotion de l’image hors des frontières nationales. Dans le cas de la Moldavie, la préoccupation pour la thématique de l’image du pays est relativement récente, même si l’Etat indépendant République de Moldavie date de l’année 1991. Les autorités et la société civile se sont rendues compte du fait que l’image est très importante pour un pays jeune, au moment ou plusieurs citoyens et officiels se sont heurtés contre des préjugés et des stéréotypes vis-à-vis de leurs pays.

L’actualité de ce sujet et le manque symptomatique d’un intérêt clair et visible pour l’approfondissement des renseignements sur la thématique, m’ont déterminée à effectuer une ample investigation. La recherche porte notamment sur le rôle du facteur médiatique dans le processus de la création et la promotion de l’image de la Moldavie dans l’espace européen. Etant donné que les médias représentent le «quatrième pouvoir» dans un Etat, son influence ne peut pas être négligé. La période de recherche couvre les années 2005-2008, ce qui correspond à la durée de l’application du Plan d’Actions République de Moldavie – Union européenne. Les conclusions de la recherche sont plutôt défavorables à notre pays, ce qui doit compter pour les autorités et les facteurs de décision autochtones. L’étude conclut que les thématiques principales traitées par la presse européenne en ce qui nous concerne, sont les suivantes: le conflit transnistrien, les relations entre la Moldavie, l’Union européenne, la Roumanie et la Russie, les crises de gaz et de vin et d’autres. La majorité des matériaux publiés dans des journaux comme Le Monde, Libération, El Pais, El Mundo etc, utilisent des expressions qui aident à la création d’une image plutôt négative du pays. Ces expressions sont, par exemple: «république ex-soviétique», «immigration illégale», «périphérie de l’Europe», ou «le pays le plus pauvre de l’Europe».

Les titres attirent aussi par des expressions qui ne nous rendent pas fiers (par exemple: «La Moldavie: entre corruption et intégration européenne», «La frontière la plus dangereuse», «L’économie moldave a perdu une génération» ou «La Moldavie: l’homologue européen de Cube»), même si ceux-ci ne sont pas très nombreux dans la presse européenne.

Il ne faut pas oublier ou nier quelques articles, auteurs et pays qui se prononcent d’une manière différente en parlant de la Moldavie. La recherche prouve que la France, la Suisse et les pays du monde francophone, en général, sont plus favorables en traitant les réalités autochtones. Les journalistes francophones préfèrent, dans la majorité des cas, de venir en Moldavie et se renseigner sur le terrain. 90% des reportages de l’étude ont été effectués par des journalistes français. Dans ces conditions, une vision plus complexe est présentée au public européen, en élucidant tant les aspects positifs que négatifs. Les consommateurs d’information ont ainsi la possibilité de se créer une image complète des spécificités autochtones et, implicite, du pays dans son ensemble.

Les personnalités de l’Etat citées dans les matériaux de la presse européenne, contribuent, elles aussi, à la création d’une certaine image du pays. Dans le cas de la Moldavie, entre 2005 et 2008, le nom du président Vladimir Voronine, mentionné dans les articles des médias européens, a surclassé sans droit d’appel d’autres personnages comme Vasile Tarlev, Marian Lupu ou Serafim Urechean. Malheureusement, le nom du Voronine a été utilisé, dans la majorité des cas, dans un contexte négatif, ce qui a conduit à la création d’une image défavorable pour le pays. Ce qui est le plus grave, de notre point de vue, dans cet ordre d’idées, c’est que Igor Smirnov, le leader de la région autoproclamée à la gauche de la rivière Nistru, est aussi présent dans des matériaux journalistiques. Ce personnage apparaît dans un nombre impressionnant d’articles, étant placé, dans touts les cas, dans des contextes négatifs.

Ainsi, faut-il conclure que les médias européens constituent un instrument très fort et influent de création et promotion de l’image d’un pays. La Moldavie doit apprendre à utiliser cet outil en sa faveur. Pour cela, le pays a besoin d’une stratégie complexe et très concrète visant les pas et les actions à entreprendre pour susciter l’intérêt de la presse européenne. Le processus de l’intégration européenne, pleinement déclaré par les autorités moldaves, peut en servir un parapente. L’Europe n’est pas indifférente envers les éventuels membres de la communauté. Un pays qui se respecte doit respecter l’Europe et les médias européens. Car ils sont parfois incapables de montrer de pitié. L’image compte, et nous insistons sur la nécessité de regarder cet aspect de la politique étrangère d’une manière plus sérieuse et responsable.

Anetta Gonţa